La durabilité est le point décisif sur la liste des priorités pour la plupart des Centres de données suisses. Nombreux sont ceux qui ont déjà défossilisé une grande partie de leur exploitation. Ceci n’était guère de toute facilité dans les installations en courant de secours classiques – et ce, malgré un faible nombre d’heures. Cependant, ceci pourrait bientôt changer.
Les conditions techniques sont en place du côté des installations. «Les groupes électrogènes Cat sont, aujourd’hui déjà, exploitables avec de l‘huile végétale hydrogénée (angl.: Hydrotreated Vegetable Oil, en abrégé HVO), sans devoir modifier les moteurs», indique Gian Franco Broggi, Chef de vente Groupes électrogènes, CCF et ASI chez Avesco.
HVO présente toute une série de caractéristiques avantageuses qui surclassent celles d’autres carburants bio. Il possède, par exemple, une stabilité du produit extrêmement haute et peut, de ce fait, être très bien stocké (voir Box «Les carburants bio en comparaison: HVO et FAME»).
L’atout principal du carburant HVO: Les clients peuvent l’utiliser, sans devoir faire de concessions en termes de fiabilité, de puissance habituelle et dans le domaine du Service après-vente renommé de tout premier choix, qu’ils connaissent des installations Cat et Avesco.
Un groupe électrogène peut également être exploité avec un mélange d’HVO et de diesel. Celui qui a tout d’abord utilisé du diesel et qui se reconvertit sur l’HVO, n’a pas besoin de nettoyer l’installation ou de la préparer sous quelque forme que ce soit. Il en est de même dans le cas contraire, soit lorsque quelqu’un souhaite repasser de l’HVO au diesel.
L’entretien de l’installation reste le même, les coûts ne changent pas, indépendamment du type de carburant (diesel ou HVO) choisi.
Les carburants bio en comparaison: HVO et FAME
HVO (Hydrotreated Vegetable Oil) et FAME (Fatty Acid Methyl Ester) sont tous deux des carburants bio, produits à partir de ressources renouvelables, mais qui se différencient par leurs processus de fabrication et leurs propriétés chimiques.
HVO (Hydrotreated Vegetable Oil):
Fabrication: L’HVO est produit par le traitement hydrogéné d’huiles végétales ou animales (p.,ex. à partir d’huiles comestibles usagées). Cette hydrogénéisation est un processus raffiné, comparé à la transestérification, utilisée chez FAME (voir en bas) et entraîne un produit plus propre et plus stable.
Caractéristiques: HVO est un carburant paraffinique et ressemble au carburant diesel chimique traditionnel. Il possède un indice de cétane élevé, ce qui peut donner lieu à une meilleure combustion et à une réduction des émissions. L’HVO peut s’utiliser, sans modifications, dans les moteurs diesel existants. La teneur énergétique de l’HVO ne se situe qu‘à environ 5 pour cent au-dessous de celle du diesel.
FAME (Fatty Acid Methyl Ester):
Fabrication: FAME est produit par transestérification de graisses et d’huile végétales ou animales avec du méthanol.
Caractéristiques: FAME est un biodiesel qui se compose esentiellement d‘ester méthylique d’acides gras. Il présente des propriétés semblables à celles du carburant diesel traditionnel, mais exige, toutefois, une attention particulière lors du stockage, en raison de ses propriétés hygroscopiques.
La difference principale se situe donc dans les processus de fabrication et dans les propriétés chimiques. L’HVO est fréquemment considéré comme étant un carburant de haute valeur, tandis que FAME n’est sans doute pas utilisable de manière aussi universelle, compte tenu de ses caractéristiques spécifiques. Tous deux sont, toutefois, considérés comme étant des carburants renouvelables qui peuvent contribuer à réduire les émissions CO2, comparés aux combustible fossiles conventionnels.
Malgré tous ces avantages, l’HVO n’est toujours pas encore utilisé pour l’approvisionnement en courant de secours dans le paysage des Centres de données suisses. La législation actuelle en est l’une des raisons, explique Dominic Strübin, Chef de projet auprès de l’Association Biofuels Schweiz (voir également le box «A propos de l’Association Biofuels Schweiz»).
Principe «Assiette-Auge-Réservoir»
«En Suisse, le principe est établit que les plantes peuvent tout d’abord être utilisées comme denrées alimentaires, ensuite comme fourrages et ce n’est qu’à la fin qu’elles peuvent servir de carburant. Ceci se résume dans la formule «Assiette-Auge-Réservoir». Sous les conditions de promotion actuelles, la production agricole de carburants biogéniques en Suisse, donc, par exemple la culture de colza pour la production de carburant, ne jouera guère de rôle Les carburants renouvelables à partir de déchets et de résidus biogènes, telles que les huiles comestibles usagées recueillies dans la gastronomie», indique Strübin.
Ce qui signifie: De par cette restriction, nous n’aurons vraisemblablement ces prochains temps pas suffisamment d’HVO issu de production suisse à disposition à tout moment pour couvrir nos besoins.
De ce fait, l’importation d’HVO va devenir un point crucial et avec elle, un autre thème: Maints fournisseurs internationaux d’HVO utilisent de l’huile de palme, à côté d’autres matières premières pour la production. Ceci est critique, entre autres, du fait que les principaux pays producteurs d’huiles de palme sont soupçonnés d’être à l’origine du déboisement des forêts tropicales, avec les conséquences écologiques néfastes qui en découlent. De plus, l’utilisation de colza pour la fabrication d’HVO est autorisée dans l’UE, contrairement à la Suisse-
A l’heure actuelle, la Confédération interdit l’importation d’HVO d’huiles de palme, de colza et d’autres matières premières qui ne sont pas considérées comme étant des sources d’énergie renouvelables.
Existe-t-il une possibilité d’importer de l’HVO, conforme au principe «Assiette-Auge-Réservoir»?
volenergy AG: Importe de l’HVO durable
La réponse est: Oui, aujourd’hui déjà, on peut importer de l’HVO entièrement durable: de l’HVO produit par ségrégation. Celui-ci doit être fabriqué à 100% avec des matières premières durables, par exemple, à partir d’huiles comestibles usagées.
La société volenergy AG, avec siège à Suhr, emprunte cette voie. Début mai 2024, elle a réceptionné au site Aufhafen près de Bâle une livraison maritime de plus de 2 millions de litres d’HVO. Celui-ci a été produit avec des matières premières durables et le fournisseur – une entreprise chinoise – a obtenu de la Douane suisse l’autorisation d’importer, après présentation des certificats requis. Une autre condition exigée consistait à assurer le respect des standards sociaux minimaux.
La licence d’importation va de pair avec l’exonération de la taxe sur les produits pétroliers.
Severin Plüss, Head of Biofuels & Storage chez volenergy: “Pour pouvoir assurer que l’HVO provient effectivement de production durable, nous avons, en complément aux certificats du fournisseur, mandaté nous-mêmes une société de vérification en Chine pour contrôler le processus de production. Ce vérificateur est, à son tour, assujetti à des audits internationaux.»
En ce qui concerne la demande, indique Plüss: Ces dernières années, nous avons toujours à nouveau été contactés par des entreprises souhaitant de l’HVO. «Maintenant, nous sommes bien là avec le produit et très curieux de voir de quelle manière le marché va réagir.» Ce sont essentiellement des entreprises qui sont sous pression pour pouvoir réduire leur empreinte carbone qui ont signalé leur intérêt. A savoir, des entreprises de transport avec des flottes de camions ou des entreprises de construction pour leurs machines de chantier et des générateurs diesel.
Etant donné que le prix du diesel varie, il est difficile d‘indiquer une différence de prix pour l’HVO du site Auhafen. Il convient plutôt de penser de manière réaliste que l’HVO pour les clients finaux reviendrait de 30 à 50 centimes par litre plus cher que le diesel, explique Severin Plüss. volenergy propose une livraison jusqu’au client, tout comme un enlèvement aux soins du client.
Helvoil AG érige une fabrique pour 100 millions de litres d‘HVO par an à Monthey VS
De l’HVO durable «made in Switzerland» – C’est ce qui est inscrit en grosses lettre sur les bannières de la société Helvoil AG, derrière laquelle se tiennent des investisseurs institutionnels. C’est la raison pour laquelle l’entreprise construit à Monthey une nouvelle fabrique dans un parc chimique déjà existant. Un grand nombre d’entreprises chimiques internationales sont présentes depuis des années au Valais.
Le processus d’autorisation s’est bien déroulé et a duré deux ans indique Luca Schenk, Président du Conseil d’administration de la société Helvoil. Le canton du Valais nous a activement accompagnés et soutenus dans cette démarche. La construction débutera à l’automne 2024, la fabrique commencera à produire fin 2026. 100 millions de litres d’HVO y seront produits par an.
Luca Schenk, lui aussi, confirme le vif intérêt manifesté à l’égard de l’HVO de production durable: «Des entreprises nous contactent quotidiennement pour savoir à partir de quand le produit sera disponible.»
Les partenaires qui se sont retrouvés dans la société Helvoil AG ont, à ce jour, investi dans de très nombreuses sources d’énergie renouvelables. «Selon nos estimations, HVO est actuellement la meilleure solution pour du carburant liquide. Il est «drop-in», et peut donc s’utiliser comme le diesel dans des moteurs à combustion existants. Il s’agit d’un produit parfaitement mûri et il existe à cet effet une technologie de production évolutive qui s’applique déjà actuellement de manière globale. C’est dans ce contexte que nous avons décidé de construire une installation de production HVO», explique Luca Schenk.
90 pour cent d’économie de CO2 par rapport au diesel
Une question posée par les intéressés consiste à savoir si l’HVO permettra de réaliser des économies de CO2. Schenk: «Chez nous, l’économie se situera à environ 90% par rapport au diesel. D’une part, grâce au carburant en soi, - ce qui représente en règle générale une réduction d’environ 75 à 80% pour l’HVO -, et, par ailleurs, grâce à d’autres optimisations du processus de fabrication que nous avons mises en place.»
130 millions de litres d’huiles comestibles usagées sont nécessaires
Or, pour le volume de production visé de 100 millions de litres d’HVO par an, la société Helvoil a besoin approximativement de 130 millions de litres d’huiles comestibles usagées. 20 wagons Jumbo doivent être livrés par semaine via le raccordement ferroviaire propre à l’entreprise. Une imposante quantité, comme le prouve l’exemple suivant cité par le Président du CA Helvoil: La Suisse toute entière a une consommation annuelle d’huiles végétales d’environ 163 millions de litres. Dont près de 20% peuvent être recueillies après usage à des fins de réutilisation, donc à peine environ 32 millions de litres.
Le plus grand défi en lien avec le projet consistait à pouvoir approvisionner l’huile comestible usagée nécessaire.
«Nous nous en procurerons autant que possible de Suisse, mais devons, bien évidemment, en importer la plus grande partie», explique Luca Schenk. En principe, Helvoil se trouve devant la même tâche que volenergy, même si celle-ci n’importe pas la matière première, mais le produit final. Toutes deux doivent veiller à la conformité Assiette–Auge -Réservoir en ce qui concerne les marchandises importées.
Un paradoxe: Au marché, l’huile comestible usagée revient plus chère que l’huile comestible neuve
Un autre paradoxe vient s’ajouter au marché international, indique Luca Schenk. L’huile comestible usagée coûte curieusement plus chère que l’huile neuve. De ce fait, les acteurs pourraient être tentés de rajouter de l’huile neuve dans la charge d’huile comestible usagée.
Afin d’éviter ceci, tous les fournisseurs d’huiles usagées Helvoil sont certifiés. «Nous pouvons retracer d’où provient l’huile usagée jusqu’au soi-disant Point of collection, soit jusqu’au restaurant. Il s’agit là d’un processus compliqué, mais cela est souhaité de cette manière et je peux aussi comprendre ce souhait», affirme le Président du Conseil d’administration de la société Helvoil.
Et le prix? Il va de soi que cette question préoccupe également ses clients potentiels. «De par l’exonération de la taxe sur les produits pétroliers, le prix pourrait peut-être se situer à 10, 20 centimes ou un peu plus du prix du litre de diesel. Le prix sera également soumis à des fluctuations, car le prix d’achat pour la matière première de l’huile comestible usagée varie, lui aussi. Mais c’est un prix que nous sommes prêts à payer», indiquer Luca Schenk.
Une chance grâce à la révision de la législation CO2
Un changement pourrait dorénavant se profiler lors de l’importation d’HVO, comme le constate Dominic Strübin de l’Association Biofuels Schweiz En 2024, le Conseil National et le Conseil des Etats ont procédé à la révision de la loi sur le CO2, qui entrera en vigueur en 2025, pour autant qu’aucune objection n’y fasse opposition. Ceci entraînera également des changements de la loi sur la protection de l‘environnement. Un élément nouveau sera également l’importation autorisée de soi-disant carburants à bilan massique, à condition qu’ils soient fabriqués à partir de matières premières durables.
Qu’est-ce que l’HVO à bilan massique?
Qu’entend-on par bilan massique? Lorsque les producteurs d’HVO utilisent diverses matières premières pour la fabrication du carburant bio, il en résulte un mélange. Les différentes matières premières ont des «caractéristiques de durabilité» variées: Le colza cultivé et traité expressément pour la production HVO est moins durable que l’huile comestible usagée, qui ne doit pas spécialement être produite pour la production HVO, mais qui est de toute façon un résidu. Lorsqu’à présent un fournisseur produit de l’HVO à partir de 50% de colza et de 50% d’huile comestible usagée, l’HVO à bilan massique ainsi produit est constitué de deux charges de même grandeur. L’une a été produite à partir de 100% d’huile de colza, l’autre à partir de 100% d’huile comestible usagée. Un client Suisse peut, à présent, se procurer auprès du fournisseur une quantité totale d’HVO à bilan massique issue d’huile comestible usagée et utilise ensuite l’HVO, alors conforme au principe Assiette-Auge-Réservoir, même si le liquide dans le réservoir est un mélange moléculaire d’HVO généré avec du colza et de l’huile comestible usagée.
La production d’HVO à bilan massique sera vérifiée et certifiée par des auditeurs indépendants. Le producteur obtient alors un certificat, le soi-disant «Proof of Sustainability» (POS), pour une partie de la charge produite avec de l’huile de colza, avec l’annotation que le carburant a été produit avec de l’huile de colza, et pour la deuxième charge, un POS, avec la remarque que celle-ci a été produite avec de l’huile comestible usagée. De la sorte, le producteur est en mesure d’attester la durabilité du produit face au client.
Davantage de sources d‘approvisionnement pour l’HVO produit de manière durable
Le délai du referendum pour la révision de la loi sur le CO2 court encore. Si elle devait entrer en vigueur et que la Confédération autorisait l’importation d’HVO à bilan massique durable, ceci entraînerait une extension subite des possibilités d’approvisionnement en HVO durable, étant donné qu’il y aura bien plus d’HVO de production à bilan massique sur le marché mondial que de production par ségrégation.
Un casse-tête: L’exonération fiscale
Or, un sujet important n‘a pas encore été décidé. Car, selon la situation actuelle, le fait qu’il puisse s’agir d’un liquide pour l’HVO à bilan massique importé qui, vu du point de vie physique, est un mélange, engendrerait un problème. En fonction de la composition moléculaire, l’HVO à bilan massique serait taxé comme un carburant fossile, ce qui augmenterait considérablement son prix. Selon le niveau de prix actuel, ce HVO reviendrait plus cher que l’HVO produit par ségrégation à partir de matières premières durables. La taxe sur les produits pétroliers sur le diesel est de 79.57 cent./l. «Le thème de l’exonération fiscale sera encore débattu au cours des mois à venir», indique Dominic Strübin de Biofuels Schweiz.
A propos de l‘Association Biofuels Schweiz
L‘Association Biofuels Schweiz compte près de 90 membres. Ceux.-ci se composent principalement de revendeurs, d’importateurs ainsi que de producteurs. Le restant des membres étant des entreprises et des personnes individuelles, qui soutiennent l’Association dans ses objectifs. Comme p,.ex. lors de visées politiques, la qualité des produits et l’accroissementdes ventes.
Plus d’informations: www.biofuels.org